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Vague de froid : Bruxelles ouvre des places supplémentaires d’hébergement

Posted on 12 février 2021

‘Des personnes sont toujours sans-abri’ selon les équipes de terrain de Médecins du Monde, de la Plateforme Citoyenne BxlRefugees et de Médecins Sans Frontières.

La satu­ra­tion de l’hébergement pour per­sonnes sans-abri est connue depuis des mois : en novembre, les 3 orga­ni­sa­tions ont tiré la son­nette d’alarme, à plu­sieurs reprises, sur le manque struc­tu­rel de place. « Les places sup­plé­men­taires sont une amé­lio­ra­tion de la situa­tion mais ne sont pas une solu­tion au pro­blème structurel. »

Conséquences sur le terrain

Les orga­ni­sa­tions recon­naissent les efforts du Ministre de la Région bruxel­loise, Alain Maron ain­si que le contexte dif­fi­cile dans lequel doit agir son cabi­net. Mais nos équipes et nos volon­taires font face à la réa­li­té du ter­rain : « Nos équipes sont confron­tées tous les jours à des per­sonnes sans-abri qui ne trouvent pas de place d’hébergement et pour qui on ne trouve pas de solu­tions. Rien que mar­di soir (9 février), 40 per­sonnes sont venues rendre visite au Médi­bus et nos équipes mobiles en maraude, sont allées à la ren­contre de 30 per­sonnes, dans et autour de la garde du midi. Par­mi elles, se trou­vaient deux enfants de 9 et 11 ans accom­pa­gnés d’un homme en chaise rou­lante. A la gare du Midi, nous avons vu des per­sonnes se pré­pa­rant à pas­ser la nuit sous des fines tentes ou qui avaient été ren­voyées dans la rue. » raconte Mai­té Mon­tuir, res­pon­sable pro­jets Outreach Méde­cins du Monde.

Les orga­ni­sa­tions demandent dès lors d’urgence des moyens sup­plé­men­taires pour aug­men­ter la capa­ci­té d’accueil. Car outre les tem­pé­ra­tures extrêmes, l’épidémie de COVID-19 conti­nue de tou­cher for­te­ment la popu­la­tion des per­sonnes sans-abri. « Nous enten­dons tous les jours des his­toires de per­sonnes sans-abri qui sont pour­chas­sées par la police car ils et elles ne res­pectent pas le couvre-feu, qui sont réveillées à 5 heure du matin pour non-port du masque, qui s’adressent à nous affa­mées car la men­di­ci­té ne rap­porte plus, qui ne peuvent plus s’adresser à d’autres ser­vices acces­sibles uni­que­ment par télé­phone, dont beau­coup ne dis­posent pas. »

Alexis Andries, direc­teur des pro­jets belges Méde­cins du Monde : « Ces der­niers mois, nous avons ren­con­tré 600 per­sonnes au Médi­bus. C’est un record. Les per­sonnes sans-abri sont depuis des mois sur les genoux. Les tem­pé­ra­tures que l’on connait en ce moment risquent de les ache­ver. La seule solu­tion est l’augmentation de la capa­ci­té d’hébergement et de mul­ti­plier les équipes de maraude qui sillonnent les rues à la recherche des per­sonnes qui s’y trouvent encore la nuit venue. Met­tons-nous au travail. »

Meh­di Kas­sou, Pla­te­forme Citoyenne Bxl­Re­fu­gees : « Bien que nous ayons pu aug­men­ter notre capa­ci­té d’hébergement de 60 places, nous consta­tons encore la pré­sence de nom­breuses per­sonnes en rue. Nous sommes très inquiet.e.s des risques qu’encourent les per­sonnes migrantes sans abri en errance à Bruxelles qui ne connaissent que peu ou pas l’ensemble des ser­vices exis­tants. Depuis dimanche, les équipes de maraude de la pla­te­forme citoyenne sont pré­sentes tous les matins et tous les soirs dans le quar­tier nord et au parc Maxi­mi­lien et dis­tri­buent du maté­riel de sur­vie (sacs de cou­chage, cou­ver­tures, bon­nets, gants, vête­ments chaud) aux per­sonnes qui ne sont pas admises dans les centres d’hébergements d’urgence bruxellois. » 

« A toutes les per­sonnes sans-abris qui dorment dans la rue s’ajoutent éga­le­ment les per­sonnes qui vivent dans des squats pré­caires. Ces der­niers jours, notre équipe mobile de sen­si­bi­li­sa­tion, qui sou­tient les struc­tures non-agrées, a ren­du visite à plu­sieurs d’entre elles à Bruxelles dont cer­taines n’avaient aucun accès au chauf­fage. Avec des tem­pé­ra­tures pareilles, c’est tout sim­ple­ment inac­cep­table. Nous fai­sons éga­le­ment le constat du manque de places d’hébergement dans notre centre médi­cal dédié aux per­sonnes sans-abris sus­pectes ou posi­tives au COVID-19 au centre de Bruxelles. Après la période de confi­ne­ment de ces béné­fi­ciaires, il nous est extrê­me­ment dif­fi­cile de leur trou­ver un abri. Remettre ces per­sonnes à la rue n’est tout sim­ple­ment pas une option pour nous. » déclare David Leclercq, chef de mis­sion Bel­gique pour Méde­cins Sans Frontières.

Réponse tardive

Les 3 orga­ni­sa­tions plaident pour la mise en place de méca­nismes struc­tu­rels pour une ouver­ture auto­ma­tique des bâti­ments vides en cas de grand-froid qui, en période de COVID-19 ne manquent pas : auberges de jeu­nesse, salles de fête, bureaux, centres spor­tifs, hôtels, etc.

Les orga­ni­sa­tions ques­tionnent aus­si la réponse tar­dive : “Nous plai­dons depuis des mois auprès des auto­ri­tés pour qu’on anti­cipe sur les condi­tions hiver­nales et l’hébergement sup­plé­men­taire. Attendre qu’une couche de neige soit tom­bée pour pas­ser à l’action, est une occa­sion manquée. »