La Sister’s House fête ses 3 ans
Posted on 3 novembre 2021
La Sister’s House fête ses trois bougies : bilan et perspectives du centre d’hébergement par et pour les femmes de la Plateforme Citoyenne ‑BxlRefugees- Burgerplatform
Cela fait aujourd’hui trois ans que la Sister’s House existe, ouverte en novembre 2018, au début d’un rude hiver dans le Parc Maximilien. Trois ans c’est peu, et pourtant, le chemin parcouru est déjà immense !
Pensée et construite en réponse aux spécificités du parcours migratoire au féminin, se voulant au plus proche des réalités de chaque femme migrante sans-abris rencontrée, la Sister’s House n’a cessé d’évoluer. Sa mission : rompre les violences – dont celles de genre – et les difficultés liées à ce parcours le temps d’une nuit, dans un cadre rassurant exclusivement féminin où se renforcent tous les jours les liens de confiance entre toutes.
En non-mixité voulue et affirmée, la Sister’s House est rendue possible grâce aux nombreux partenaires, au Hub humanitaire et ailleurs, qui soutiennent ses actions et grâce à la ténacité et à la volonté des dizaines de femmes qui y ont un jour mis les pieds.
Et quelles femmes ! Plus de 500 citoyennes bénévoles s’y sont impliquées depuis trois ans. Présentes nuits et jours, elles se relaient depuis 1095 jours déjà, 24h sur 24. Créatives malgré l’urgence, résolument pragmatiques et humaines, elles participent, font vivre et évoluer la Sister’s House, expertes de cette sororité unique en son genre.
Plus de 1200 résidentes nous ont fait confiance depuis sa création et sont venues trouver à la Sister’s House un lieu d’hébergement, loin des violences de nos rues et de nos lois. D’abord avec 26 places grâce au soutien de la commune d’Ixelles, puis avec 45 places au coeur de la pandémie covid-19 grâce à une asbl solidaire sur Etterbeek, nous pouvons aujourd’hui et depuis près d’un an assurer 85 places à l’abri sur 1000 Bruxelles, toujours grâce à un propriétaire privé solidaire.
Derrière ces chiffres, c’est avant tout une réalité : la Sister’s House a, depuis 2018, permis 35 000 nuitées et, vous vous en doutez, au moins 95 000 repas grâce aux dons et aux récoltes d’invendus alimentaires.
Aujourd’hui, nous nous inquiétons de ces 85 places, qui ne suffisent déjà plus alors que l’hiver ne fait que commencer.
Nous envisageons dès la chute des températures l’ouverture de 15 places supplémentaires, convaincues par expérience que l’hébergement est le préalable indispensable à un accompagnement psycho-médico-social de qualité et à une information juridique objective, respectueuse du droit à chacune de circuler, de s’installer et de vivre dignement.
Ensemble, avec nos partenaires de Médecins Du Monde Belgique (santé médicale et sexuelle), de Médecins Sans Frontières (santé mentale), du Gams (santé sexuelle et prévention MGF), des différents CPAS et du réseau médical bruxellois, nous avons pu assurer plus de 700 suivis médicaux des résidentes.
A côté, nous continuons à affronter les rouages complexes de la demande de protection internationale grâce au travail acharné de nos équipes d’assistantes sociales et de juristes, soutenant l’importance d’une approche genre des prises en charge.
Dans un espace sécurisé et où l’on se sent bien, nous défendons aussi le droit à garder le contact avec ses proches et sa famille, le droit de rire et de célébrer ce qui nous fait collectivement du bien, de prendre soin de soi, de cuisiner ensemble, de se former, de fêter tout ce qui peut l’être et de se soutenir sans relâche.
Ce projet inédit de centre d’hébergement, d’information et d’accompagnement par et pour les femmes, où l’on se sent comme à la maison et où chacune a droit à une prise en charge globale, adaptée à ses besoins individuels, n’a été rendu possible que par la mobilisation citoyenne de centaines de bénévoles, armées de bouts de ficelle.
Depuis juillet dernier et avec le soutien de la Ministre Nawal Ben Hamou et du Ministre Président Rudi Vervoort, nous pérennisons petit à petit ce qui se construit dans l’urgence.
Au fur et à mesure et malgré l’absence de certitudes quant à l’avenir, nous gardons l’espoir et l’ambition, nourries par ces vécus collectifs, de pouvoir continuer, tant qu’il le faudra, à défendre les droits de toutes à une vie digne.
Nous soufflons aujourd’hui les trois premières bougies de la Sister’s House et entamons, avec détermination, en toute solidarité et sororité, le quatrième chapitre d’un centre d’hébergement par et pour les femmes, à la croisée des besoins et des réponses que nous nous apportons à chacune. 


Face à l’immobilisme, le mouvement citoyen !
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