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Politique de non-accueil : une nouvelle politique gouvernementale cimente la crise humanitaire dans la société belge

Posted on 1 octobre 2025

Com­mu­ni­qué de presse du 01/10/2025

Aujourd’­hui, 7 orga­ni­sa­tions, notam­ment huma­ni­taires, publient la cin­quième édi­tion de leur rap­port belge sur la poli­tique de non-accueil et ses consé­quences néga­tives pour les deman­deurs d’a­sile en Bel­gique. Le rap­port montre com­ment la poli­tique illé­gale de non-accueil des deman­deurs d’a­sile menée par la Bel­gique est entrée dans une nou­velle phase alar­mante en 2025, avec les récentes mesures gou­ver­ne­men­tales restrei­gnant davan­tage l’ac­cès à l’ac­cueil et aux ser­vices essen­tiels pour les per­sonnes en demande de pro­tec­tion internationale.

Méde­cins Sans Fron­tières, Méde­cins du Monde, Vluch­te­lin­gen­werk Vlaan­de­ren, le CIRÉ, Bel­Re­fu­gees, Cari­tas Inter­na­tio­nal et le Hub Huma­ni­taire dénoncent la poli­tique de non-accueil de la Bel­gique et ses consé­quences néga­tives pour les deman­deurs et deman­deuses d’a­sile dans notre pays. Cette poli­tique ne résout pas la crise huma­ni­taire, mais l’ins­ti­tu­tion­na­lise. L’af­fir­ma­tion récente de la ministre Van Bos­suyt selon laquelle aucun·e demandeur·euse d’a­sile ne dor­mi­rait dans la rue  n’est en aucun cas vraie, comme les 7 orga­ni­sa­tions l’établissent au quotidien.

Télécharger le rapport

Mal­gré les plus de 15.000 condam­na­tions pro­non­cées par les tri­bu­naux natio­naux et inter­na­tio­naux, le gou­ver­ne­ment fédé­ral belge inten­si­fie encore sa stra­té­gie illé­gale d’ex­clu­sion sys­té­ma­tique, pour en faire la poli­tique migra­toire la plus res­tric­tive de l’his­toire de la Bel­gique. Des mil­liers de per­sonnes res­tent sans abri et n’ont pas accès aux soins de san­té et au sou­tien social.

Les mesures prises par le nou­veau gou­ver­ne­ment de coa­li­tion « Ari­zo­na », for­mé en jan­vier 2025, com­prennent la réduc­tion du nombre de places d’ac­cueil, l’ex­clu­sion sys­té­ma­tique de cer­tains groupes (en par­ti­cu­lier les hommes seuls et les per­sonnes en demande d’a­sile béné­fi­ciant d’un sta­tut de pro­tec­tion dans un autre pays de l’UE, connu sous le nom de « sta­tuts M ») et l’é­li­mi­na­tion com­plète des ser­vices sociaux pour de nom­breux deman­deurs et deman­deuses d’asile.

Ces chan­ge­ments, qui ont été adop­tés par le Par­le­ment en juillet et sont en vigueur depuis août, ont néan­moins été lar­ge­ment cri­ti­qués par le Conseil d’É­tat, l’A­gence des Nations unies pour les réfu­giés (HCR) et de nom­breuses orga­ni­sa­tions de la socié­té civile.

Les consé­quences sont dra­ma­tiques. Le gou­ver­ne­ment belge ignore sans scru­pule ses res­pon­sa­bi­li­tés légales, avec des consé­quences déchi­rantes, entre autres dans les domaines suivants :

  • Loge­ment : Moins de 1 demandeur·euse d’a­sile sur 10 (9 %) uti­li­sant le Hub Huma­ni­taire à Bruxelles est logé·e dans un centre Feda­sil. La grande majo­ri­té d’entre elleux dorment dans la rue, dans des héber­ge­ments d’ur­gence ou dans des squats, les délais d’at­tente pour les héber­ge­ments d’ur­gence étant sou­vent plus longs que la durée du séjour proposé.
  • Soins de san­té : L’ac­cès aux soins médi­caux est sévè­re­ment limi­té. Les orga­ni­sa­tions huma­ni­taires signalent que près de 9 per­sonnes en demande d’a­sile sur 10 (88 %) sans abri ont des pro­blèmes de san­té direc­te­ment liés à leurs condi­tions de vie pré­caires, en par­ti­cu­lier des affec­tions cuta­nées, des infec­tions res­pi­ra­toires et des dou­leurs non traitées.
  • San­té men­tale : L’é­qui­libre psy­cho­lo­gique est gra­ve­ment atteint. Une grande majo­ri­té des per­sonnes en demande d’a­sile demandent de l’aide parce qu’ils sont en détresse psy­cho­lo­gique, avec de nom­breux cas de stress post-trau­ma­tique, de dépres­sion et d’an­xié­té. Les soins spé­cia­li­sés sont lar­ge­ment inaccessibles.
  • Sou­tien juri­dique et social : Les demandeur·euses d’a­sile sans abri manquent sou­vent d’in­for­ma­tions de base sur leurs droits et sont confronté·es à des pro­cé­dures com­plexes sans assis­tance juridique.

Les mineur·es non accompagné·es sont par­ti­cu­liè­re­ment vul­né­rables. Beau­coup évitent les abris offi­ciels en rai­son de la méfiance à l’é­gard des auto­ri­tés, ce qui entraîne une sur­po­pu­la­tion dans les refuges alter­na­tifs et une expo­si­tion accrue à des envi­ron­ne­ments à haut risque. Des études médi­cales indiquent un pour­cen­tage éle­vé de mineur·es en état dee mal­nu­tri­tion et ayant des pro­blèmes de santé.

L’ob­jec­tif affi­ché du gou­ver­ne­ment de rendre la Bel­gique moins « attrayante » pour les deman­deurs et deman­deuses d’a­sile a conduit à une aug­men­ta­tion des dif­fi­cul­tés et à l’ins­ti­tu­tion­na­li­sa­tion d’une crise humanitaire.

Les orga­ni­sa­tions de la socié­té civile, le Conseil d’É­tat, le HCR et le Conseil de l’Eu­rope ont tous appe­lé à une action urgente, notamment :

  • Res­pec­ter le droit à l’accueil et à une vie digne, tels que consa­crés en droit inter­na­tio­nal et en droit belge ;
  • Une aug­men­ta­tion signi­fi­ca­ti­ve­ment de la capa­ci­té d’accueil ;
  • Main­te­nir les canaux de sou­tien social pour les per­sonnes en demande d’asile.

La poli­tique actuelle de non-accueil est inac­cep­table. Tant que des per­sonnes seront lais­sées à la rue et que les déci­sions de jus­tice ne seront pas appli­quées, la Bel­gique conti­nue­ra à vio­ler déli­bé­ré­ment ses obli­ga­tions légales et morales. Il est temps de mettre fin à la poli­tique de dis­sua­sion envers les deman­deurs et deman­deuses d’asile, et de mettre en œuvre une poli­tique d’ac­cueil humaine, digne et fon­dée sur les droits.